Le 27 juin

Je suis maintenant à la moitié de mon traitement. Encore 16 mois de patience, de persévérance ! Michèle Viala, une fidèle amie de randonnée, m'avait dit alors que je n'en étais qu'au premier tiers : "Quand je courrais [..] j'avais coupé le parcours en trois tiers, parce qu'une fois le premier tiers franchi, ça y est, d'un coup, on en est à la moitié, et après c'est comme si le deuxième tiers était déjà fait. Et quand il ne reste que le troisième tiers à faire, on va pas s'arrêter là quand même ! " Comme elle a raison ! J'en suis à la moitié avec une impression d'avoir effectué le plus difficile. Le reste du parcours semble être une lente descente jusqu'à l'arrivée. Tous les paramètres sanguins sont au vert. Les phosphatases alcalines et la bilirubine sont revenues à des valeurs acceptables. Jusqu'ici aucune rechute.

A la suite de ma consultation en hôpital de jour, mes espoirs de guérison s'affirment : on me parle même de retravailler. Toutes les études sur le confort de vie que j'ai effectué jusqu'ici me permettent de définir sous quelles conditions. Car l'excès d'euphorie ne doit pas occulter les réalités quotidiennes. Par exemple si l'arrêt total de l'EPO ne semble pas réaliste, je sais quand l'utiliser et tout récemment quelle est la dose minimale nécessaire. D'ailleurs cette recherche m'a remis en mémoire les grandes fatigues vieilles de sept mois.

Durant le mois de mai, j'ai travaillé sur l'histoire de la recherche sur le cancer, le tout dans le contexte économique et politique. J'ai appris que la recherche sur le cancer reste un sujet méconnu. C'est pourquoi je souhaite combler ce vide en hommage à tous ceux qui y ont laissé leur vie.

Pour éviter d'avoir le "blues" avec un tel sujet, je me suis accordé de petites récréations. J'ai rassemblé toutes les histoires drôles que vous m'avez si gentiment envoyées durant mon traitement. Je les ai classées. Elles sont maintenant disponibles sur ce site sous la rubrique histoire drôle.

Le mois de juin se caractérise par une vie quasi-normale retrouvée. J'ai recommencé à bricoler par nécessité puis, je suis sorti beaucoup comme pour rattraper le temps perdu.

Cancer : chronologie des découvertes

Des champignons aux vertus miraculeuses venus tout droit d'Inde ou une psychothérapie pour soigner le cancer pratiquée par un professeur sorti de nulle part ou encore une tisane à l'ortie pour soigner la leucémie, voilà des remèdes bien étranges ! Le pire, c'est qu'un certain nombre de personnes y croie et m'en parle avec passion, sans se rendre compte de l'énormité de la supercherie. Allons un peu de sérieux ! Si un tel remède existait, le problème du cancer serait déjà résolu. En tout cas, nous devons être conscients d'une chose : l'état d'avancement sur le traitement contre le cancer reste méconnu du grand public, et, pour certains cancers, les traitements sont restés longtemps ou restent inefficaces.

Pour combler ce déficit d'information, j'ai travaillé, durant le mois de mai, sur l'histoire de la recherche sur le cancer le tout dans le contexte économique et politique. Ce travail est extrait d'une émission TV diffusée sur la chaîne Encyclopédia entre le 11 mai et le 25 mai 2002 : Les guerres du cancer. Emission produite par Jenny Barraclough en 1997 pour Chanel 4. Je vous avoue que j'aurais aimé disposer de ces informations dès le début de mon traitement. On y découvre qu'il est plus facile de marcher sur la lune que de trouver un remède contre le cancer, que s'il existe un traitement contre la leucémie c'est grâce aux enfants... et pleins d'autres détails tout aussi passionnants. J'en ai donc fait une synthèse. Synthèse que j'ai effectuée aussi en hommage à tous les médecins, chercheurs et patients qui ont contribué aux avancées des traitements et qui pour beaucoup l'ont payé de leur vie. Rien n'est plus ingrat que de bénéficier d'un traitement sans connaître véritablement son histoire. Pour en savoir plus, consulter : cancer : chronologie des découvertes

 

Détail de la séance

Comme convenu j'ai reçu ma dernière chimiothérapie le 25 avril à 13 heures. Cette fois-ci les produits étaient le l'Aracytine et l'Endoxan. Comme à l'accoutumée, l'injection est assurée par une pompe micro programmée. Le temps d'injection étant de 24 heures, c'est Mathilde l'infirmière libérale qui viendra me la retirer à la maison le lendemain.

Le Dr Delphine Réa, chef de clinique assistant de l'hôpital de jour, s'est montrée très intéressée par les ordonnances que j'avais préparées. Depuis un moment déjà elle cherchait un moyen de générer ses ordonnances à partir de son ordinateur portable sans en avoir eu le temps nécessaire. Je lui ai envoyé mes fichiers originaux par e-mail.

Cette consultation marque une étape importante, mais attention aux conclusions hâtives, l'expérience m'a déjà montré à plusieurs reprises qu'il fallait se montrer prudent :

Retour à la maison

Les études quantitatives que j'ai menées durant cet hiver m'ont apporté assez d'arguments pour avoir un esprit critique :

Hémoglobine : 13 g/100ml de moyenne, avec un intervalle de confiance de 95%, la valeur fluctue entre 12.5 et 13.5 (taille échantillon = 11). La norme spécifie 13 à 18 g/100ml. La différence est liée à ma maladie de Gilbert, maladie bénigne et sans traitement particulier mais qui perturbe de temps en temps le protocole (voir chronique précédente).

Conclusion : l'EPO reste nécessaire pour l'Aracytine et l'Endoxan. Pour le Méthotrexate je crois que je peux m'en passer. Le prochain cycle devrait le confirmer.

Pour information :

Bilirubine Totale : 18.1 mg/l de moyenne ; avec un intervalle de confiance de 95%, la valeur fluctue entre 14.2 et 22 (taille de l'échantillon = 6). La norme spécifie une valeur inférieure à 10 mg/l. idem à l'hémoglobine : la différence est due à la maladie de Gilbert.

Conclusion : il n'y a pas lieu de s'inquiéter lorsque la bilirubine stagne autour de 20 mg/l.

alors quelle est la dose minimale d'EPO ? Cette question est amusante car lorsque Delphine m'a parlé d'arrêter ce produit, nous avions convenu avec le Dr Emmanuel Raffoux de réduire la dose dès la fin du mois de janvier puis avec l'interne de l'hôpital de jour le Dr Jérôme Fayette en mars. Il me manquait 3 semaines pour répondre à Delphine qu'arrêter l'EPO n'était pas réaliste. Je connais maintenant la limite basse. C'est 15000 UI / semaine. J'étais parti pour un essai à 5000 UI / semaine mais dès le 11 avril, je me suis rendu compte après simulation que cette dose serait trop faible pour affronter le traitement à l'Aracytine et Endoxan du 25 avril. Je suis repassé à 15000 UI / sem avec bien sûr l'aval d'Emmanuel entre le 11 avril et le 22 mai. Cette dose est vraiment le minimum acceptable si l'on veut éviter la transfusion. C'est aussi la première fois que j'ai eu l'occasion de prendre l'EPO pendant la "descente" de l'hémoglobine. La fois précédente j'étais obligé d'arrêter avant la chimiothérapie car l'hémoglobine avait atteint un niveau trop important.

Implanté dans l'épaule droite (face antérieure), voici le cathéter actuel muni de son clapet anti-retour Wigon destiné ou bien à recevoir une perfusion de chimiothérapie ou une seringue pour le prélèvement sanguin. Le tout sous un pansement plastique étanche pour éviter les infections au niveau de l'entrée du cathéter dans la peau.


(*) compte tenu de l'étude sur ma disponibilité effectuée les mois précédents : 43% (le 8 novembre sans EPO), 50% (les 18 et 19 novembre avec EPO) et 51% (le 1er février avec EPO). Les cycles passant à 60 jours au lieu de 42 ma disponibilité estimée tend vers 60%. Retenons 50% pour l'instant (pour tenir compte de Théo).

Avec la diminution progressive de l'EPO, le niveau de bilirubine revient à des valeurs plus convenables. Les inter cures à pleine dose reviennent alors qu'elles avaient complètement disparues en mars.

 

Date J Cure (0) Inter cure : Oui / Non Dose ou Commentaire
24-avril

-1

Non

-

2-mai

7

Non

-

7-mai

12

Oui

1/2 dose (bilirubine T > 20 mg/l et plaquettes < 100000/mm3)

15-mai

20

Non

Polynucléaires neutrophiles < 700 <1200 / mm3

22-mai

27

Oui

Pleine dose

29-mai

34

Oui

1/2 dose (bilirubine T > 20 mg/l)

05-juin

41

Oui

1/2 dose (bilirubine T > 20 mg/l)

12-juin

48

Oui

Pleine dose

19-juin

55

Non

Prochaine chimio dans 1 semaine

Pleine dose : Purinéthol = 2 comprimés / j, Méthotrexate = 8 comprimés / semaine

Les sorties :

Comme vous allez voir, ce mois de juin a été un véritable rush. Alors que j'écris ces lignes, je me sens fatigué mais pour la première fois depuis longtemps, le traitement n'est pas en cause. Non, ce sont toutes les sorties que j'ai pu effectuer. J'ai occupé aussi mes journées à bricoler un peu. J'avais une liste de tâches longue comme le bras n'ayant rien pu faire ces 16 derniers mois : les portes grinçaient, le lave linge tombé en panne depuis janvier (heureusement on en avait deux), il y avait les voitures méritant un peu d'attention (courroie de distribution et changement d'alternateur), une infiltration d'eau dans le sous-sol, le nettoyage de la chaudière (au gaz, elle ne nécessite que peu d'entretien mais je n'avais pas jeté de coup d'oeil depuis 3 ans : dans ces conditions il était normal qu'elle se soit arrêtée 3 fois de façon inexpliquée cet hiver), etc... Je prends toutes ces bricoles avec philosophie, elles me changent les idées. Mais revenons à nos sorties : voyez quel rush !

· spectacle d'imitation de chanteurs de Rock and Roll effectué par Cris un pro d'Elvis Presley mais aussi de Johnny Hallyday, d'Eddy Mitchell, de Dick Rivers, de Tom Jones... Un véritable cocktail des années Rock. Spectacle absolument génial qui me laisse songeur : je suis sûr que mes copains du club de rock des Ulis adoreraient danser sur les imitations de Cris. Il y a peut être quelque chose à faire...

· après le spectacle nous nous sommes tous retrouvés dans un petit restaurant pour terminer la soirée. A la fin du repas un beau gâteau d'anniversaire nous était destinés à Caroline, Jacques, Sylvie, Arnaud et moi. Merci Annie et Hervé pour cette soirée et bien sûr pour la surprise.

 

 

Turlulu,Turlulu, Turlulu, Tah! Tah! Tah! ... Ici Londres !...

Mon agenda a vraiment été impressionnant n'est-ce pas ? Il est temps de rejoindre l'hôpital Saint-Louis pour ma prochaine chimiothérapie le 27 et 28 juin, d'en assumer les effets jusqu'au 20-25 juillet et de nouveau profiter de la vie jusqu'à fin août : je vis "à mi-temps " !

Je vous souhaite à tous de bonnes vacances. A bientôt.

Retour au début