Le 24 décembre : Rattraper la Vie

Depuis le 26 novembre je n'ai pas vu le temps passer. J'alterne maintenant entre le monde du traitement et celui du travail. Le choc entre ces deux mondes a remis mon horloge en marche. Le temps passe plus vite et j'en suis heureux. Avec l'automne et l'arrivée de l'hiver, les sorties s'orientent vers les repas en famille ou les soirées entre copains. Pour la première fois, j'ai repris la piscine. Les enfants étaient radieux de pouvoir nager aux côtés de leur papa. Mieux, nous avons même nagé pour le Téléthon. Mon soutien à ceux qui sont malades m'a donné l'impression que je ne l'étais plus. J'en ai tiré une grande satisfaction personnelle. J'ai aussi assisté à un spectacle pour la première fois...

En fait, j'ai participé à beaucoup d'activités, comme pour rattraper la Vie et la brûler par les deux bouts. Profiter des moments qui se présentent, investiguer et approfondir les sujets qui m'entourent tout en éliminant l'inutile. Eliminer ? Je devrais plutôt dire recycler car ce fut l'objet de l'une de mes visites : recycler sera probablement l'enjeu de demain avec la gestion de l'énergie.

Je me sens fatigué mais d'une fatigue saine. Rassasié de sorties en tout genre, j'ai pris un acompte sur le mois prochain qui se doit d'être calme.

 

Choc entre deux mondes

Je me suis longtemps interrogé sur ce qui pouvait motiver les scientifiques à regarder des éclipses totales de soleil. Activité du soleil à sa surface ? Probablement, mais pas uniquement. Ainsi en 1919 une expédition fut organisée dans l'île de Principe (golfe de Guinée) et au Brésil, afin d'effectuer des mesures. L'objectif, vérifier la déviation de la lumière d'une étoile lorsque celle-ci passe à proximité du soleil. L'éclipse totale du soleil fut un bon outil pour cela. Les résultats qui furent rapportés corroboraient totalement ceux d'Einstein à la surprise de tous. Einstein, qui dès 1905 avait publié sa théorie sur relativité restreinte, indiqua que tout était relatif au regard d'un observateur. En d'autres termes notre espace avait maintenant 4 dimensions : longueur, largeur, hauteur, et enfin le temps. Le temps, que nous avions cru linéaire, s'écoulant inlassablement à la même vitesse. Eh bien non ! Dame Nature en a décidé autrement, l'espace temps est courbe, le temps se dilate, un point c'est tout !

Personnellement, je n'ai pas besoin d'une grande démonstration pour me convaincre de la courbure du temps. Si nous laissons notre main sur la plaque chauffante incandescente de notre cuisine, la douleur dilate le temps par la brûlure qu'elle provoque. Les secondes de souffrance deviennent des minutes voire des heures. A l'inverse si vous êtes amoureux, les heures que vous passez avec l'être aimé ne durent que quelques secondes. On voudrait qu'elles durent plus longtemps, des jours, des mois, une éternité. Le temps de notre horloge interne semble se dilater. Notre âge apporte sa contribution à la dilatation du temps. Ainsi lorsque nous sommes enfants, nous trépignons d'impatience pour être grands. Adultes, pris par le quotidien, nous regrettons de ne pas satisfaire toutes nos envies faute de temps. Tout passe si vite ! Aimant mon travail je ne voyais pas passer les semaines jusqu'à ce que je tombe malade. Depuis, pire qu'une brûlure, le temps s'est arrêté. J'aimerais voyager dans le futur, passer cette étape au plus vite.

Depuis le 8 octobre j'ai travaillé 14 jours, mon horloge s'est remise en route. Le temps coule de nouveau, certes moins qu'initialement mais il coule, il coule d'un flot discontinu : à temps partiel. Je passe alternativement du traitement où, goutte à goutte, je progresse dans cette lente convalescence. A temps partiel, je redécouvre ce monde bouillonnant oublié depuis des mois : le monde du travail. Je bascule de l'un à l'autre en essayant de camper du mieux possible sur la frontière pour en observer les différences. L'homme appréhende bien les différences, par exemple avec le toucher, nous distinguons le "plus chaud" du "plus froid". Si la variation est trop importante il y a choc, comme le choc thermique en métallurgie qui peut provoquer des "pailles ou des criques" dans les métaux. Il y a aussi le choc thermique en secourisme qui peut provoquer l'arrêt du coeur. Le choc, Salvador Dali l'a utilisé pour capturer sur le vif toutes sortes de sensations, d'atmosphères, de détails. A la frontière entre le monde réel et celui du sommeil, il s'endort avec une grosse clé à la main. Au moment où il s'endort, la clé lui échappe. Le choc qu'elle produit dans sa chute le réveille. Il ne lui reste plus qu'à noter ce dont il commençait à rêver et les exploiter dans ses toiles.

A la frontière du monde de la convalescence et celui du travail, je vis cela comme un choc. Pour le premier monde tout s'est arrêté, tout est lenteur, propice à la prise de recul, à la réflexion sur la Vie, sur le monde qui nous entoure, sur le présent, sur le passé. Le futur ? Il semble bien compromis, pour l'instant du moins.

Je retrouve dans le travail, un monde bouillonnant, tourné vers l'action, le présent et le futur. Lorsque je suis revenu le 8 octobre, j'ai eu le sentiment de voyager dans le temps, d'être parti en week-end de 3 jours le vendredi (9 février 2001), de revenir le mardi suivant. Pourtant 22 mois se sont écoulés. Les changements au niveau des locaux, des bureaux, sont imperceptibles. Quelques détails, cependant, montrent l'oeuvre du temps. Il ne semble pas avoir eu le même effet sur toutes les personnes, certains n'ont pas changé, d'autres ont pris un léger embonpoint, grisonnent ou arborent une barbichette... Mais le changement principal vient du nombre de nouvelles têtes, plus jeunes en général. Le système d'information de l'entreprise a considérablement évolué. Balbutiante, la numérisation qui nous tirait vers le zéro papier a gagné en maturité. De nouvelles applications sont nées de la mort progressive des applications sur gros systèmes. Brouillonnes au départ, elles se sont considérablement harmonisées. On trouve Oracle à toutes les sauces. Là où nous avions notre propre système de gestion de projet, nos propres outils basés sur le Web, la globalisation des outils montre le bout de son nez en de multiples endroits avec des mots de passe partout, que nous voudrions différents pour des raisons de sécurité mais que nous oublions du coup plus facilement. Il faut donc s'organiser. La technologie est galopante, principalement en informatique. Tout va très vite de telle sorte qu'il faut faire face à l'obsolescence, nous obligeant à revoir nos modes de pensées, à dégager nos connaissances des procédés de traitement. La plupart des connaissances que nous avions capitalisées en pages Web sont aujourd'hui obsolètes. Nos outils sont devenus trop statiques par rapport à l'afflux d'informations toujours grandissant. Il nous faut résolument du Web encore plus dynamique. Mais gardons-nous de gommer cette obsolescence avec empressement car il s'agit de notre histoire. Si nous évoluons grâce aux erreurs du passé, il nous arrive de les refaire.

Plus qu'un choc, c'est un électrochoc de revenir travailler. Retrouver une activité, avoir un objectif... autant de stimulations qui ont remis mon horloge en route. Et même si je suis présent à temps partiel, le temps passe plus vite maintenant. J'ai l'esprit occupé, je reprends confiance. Il m'arrive même d'oublier.

 

Samedi 23 novembre : dîner chez Annie et Hervé

Anne, Hubert, Stéphanie et Eric sont de la partie. Soirée au calme entre adultes. Ambiance Mozart, cheminée du 13ème siècle, des chants de tourterelles... Nous avons discuté Yoga, Hervé connaît bien le sujet. Anne qui suit des cours depuis septembre, nous dresse un tableau de ses débuts sur le ton de la plaisanterie. Nous parlons cheval. Celui d'Hervé est un cheval de course à la retraite, il coule des jours heureux dans les prés de Ronqueux. D'ailleurs, nous avions commencé à le peindre dans son pré lors de l'une des nos dernières sorties ensoleillées de septembre. Facile à reconnaître, son cheval a la bouche de travers. Hervé tente de nous l'indiquer sur la photo (mettre le curseur de la souris sur la photo).

HervéAnnieFrançoiseStéphanieAnneHubertEric

Au menu, couscous végétarien très copieux. Nous nous sommes régalés.

Mardi 26 novembre

Suite à ma dernière chimiothérapie du 24 octobre, je reviens travailler à Buc après un mois de repos à la maison. Aujourd'hui il y a un pot de départ, celui de mon manager. Il part pour Nantes pour diriger un service informatique de 40 personnes environ. Quelques semaines auparavant c'était Fabrice mon manager N+2 qui partait. Si j'ajoute tous les changements du côté du service Six Sigma, en deux ans, je peux considérer qu'il y a un renouvellement complet. Mais ce n'est pas la fin pour autant, une page riche vient de se tourner, une nouvelle commence, probablement plus excitante encore. On sait déjà que les produits que l'équipe a développés cette année vont faire un carton au RSNA (exposition mondiale de la radiologie).

Bon vent Eric !

Mercredi 27 novembre, sortie au SICTOM de Rambouillet

Le mercredi matin, Fanny et Théo ont habituellement leur activité : travaux manuels. Au programme de ce mercredi, la visite du SYMIRIS (Syndicat Mixte du projet IRIS : Innovation Recyclage Incinération Sélectifs). Après une augmentation de 100% du coût de la collecte des ordures ménagères qui représente 42% de notre taxe foncière devant 31% pour la commune, 16% pour le département, 3% pour la région et 8% pour l'état, nous saisissons l'occasion Françoise et moi pour nous joindre au groupe afin d'en savoir d'avantage. Si nous trions nos déchets depuis 1995, que deviennent-ils une fois notre poubelle vidée dans le camion ? C'est ce que nous allons découvrir en visitant le centre de tri de Rambouillet, situé à proximité du centre commercial Carrefour.

1 : Présentation des étapes de recyclage filière par filière. 2 : Tout le monde est attentif

La mission du site est de trier les emballages ménagers recyclables : papiers, cartons, métaux, verre, plastiques. Ils partent ensuite vers des filières de recyclage. Le verre est déjà trié par l'habitant, il est sommairement épuré avant d'être expédié au recyclage. L'acier est capté par un aimant et l'aluminium par un dispositif à courants de Foucault. Des cribles rotatifs répartissent les autres produits en fonction de leur taille et de leur poids sur 3 tapis roulants. Des trieurs sélectionnent à la main, au rythme de 4 tonnes par heure, les différents matériaux d'emballage : les plastiques (80 sortes dont 6 seulement sont aujourd'hui recyclées : PVC-PET couleur, les transparents, ceux en PEHD, les films et sacs vides en PEHD ou PELD), les briques alimentaires, les cartons et enfin le papier. Les trieurs assurent aussi le retrait des "refus" qui partiront à l'usine d'incinération d'Ouarville (Eure-et-Loir) rejoindre les déchets ménagers usuels. On y retrouve les sacs plastiques remplis, les papiers gras, les chaussures, les vêtements, les jouets, les cintres, les barquettes en polystyrène, les pots de yaourt, le pain rassis, les légumes pourris, les seringues et autres horreurs... J'ai vraiment une pensée pour l'activité peu envieuse de ces trieurs !

6: Il est possible de voir  derrière Chloé et Fanny, les balles de bouteilles plastiques compactées et stockées sur des palettes, prêtes à partir pour le recyclage. 3 : Arrivée d'un camion,  pesage, déchargement du verre. 4: Pesage avant déchargement des papiers, cartons, plastiques et métaux .5 : Ils sont déchargés ici. Le chargement sur les tapis roulants est automatique. Le camion sera encore pesé pour connaître la quantité déversée.

Nous produisons deux fois plus de déchets qu'en 1960. C'est incontournable, plus on consomme plus on jette. Pour cela il y a de multiples raisons. J'en retiendrai une : dans notre monde où tout doit aller vite, 32% des Français déjeunent sans se mettre à table. Ils grignotent de plus en plus, et cela fait de plus en plus de petits emballages. Sur notre région, les 4 syndicats de collecte (le SIRMACTOM de Maintenon, les SICTOM d'Auneau, du Hurepoix et de Rambouillet) couvrent 183 communes réparties entre l'Eure-et-Loir, l'Essonne et les Yvelines. La collecte représente 150 000 tonnes de déchets ménagers par an pour 256 900 habitants. Nous jetons donc en moyenne 584 kg par habitant et par an ! Comme Eco-Emballage annonce : 434, arrondissons à 500. Nous sommes 4 à la maison, nous jetons donc 2 tonnes / an. Incroyable ! L'important est d'avoir un ordre de grandeur. Tiens en voilà un autre : je reçois 36kg de prospectus par an en pure perte car ils vont directement à la poubelle. Ce qui fait à l'échelle de nos 183 communes 2 300 tonnes de papier à recycler.

Que recyclons-nous ? 30% de l'aluminium que nous utilisons provient déjà du recyclage. 100% de l'aluminium trié est recyclé économisant ainsi 95% de l'énergie nécessaire pour fabriquer de l'aluminium de première fusion. Chaque tonne d'acier fait économiser une tonne de minerai de fer. 1 tonne de briques alimentaires fournit 750 kg de carton, 200 kg de plastique, 50 kg d'aluminium et fait économiser 2 tonnes de bois. Le carton se recycle une dizaine de fois et chaque tonne recyclée permet d'économiser 2,5 tonnes de bois. Chaque tonne de plastique recyclée permet d'économiser 700 kg de pétrole brut. Si le verre recyclé est la principale matière première de l'industrie du verre, seule 5 bouteilles sur 10 sont recyclées alors que le verre est à 100% recyclable.

Alors vive le recyclage ? Je m'interroge. Non pas sur l'aspect technique du recyclage, nous en voyons les premières valorisations et il y a tant de valorisations encore à imaginer. Non, je m'interroge sur l'aspect organisationnel. Lorsque vous donnez vos vêtements vous avez le choix : la Croix Rouge, le Secours Catholique ou le Relais. Lorsque vous récupérez les bouchons des bouteilles plastiques ou lorsque vous donnez du mobilier, des livres, des jouets ou tous autres accessoires aux Compagnons d'Emmaüs ou lorsque vous donnez pour le Téléthon, vous en voyez directement les retombées : les plus démunis profitent directement de votre don ou profitent de l'emploi que cela engendre. L'enfant handicapé dispose d'un fauteuil roulant, la recherche médicale avance et les malades en profitent... ce que vous donnez sera valorisé car ces personnes sont tributaires de votre don !

A l'inverse nos déchets sont collectés par des syndicats et traités par encore un autre syndicat qui fera appel à une entreprise privée. Si nous, usagers, souhaitons une valorisation optimale, est-ce que l'administration, les élus et les marchés publics ont les mêmes objectifs ? Avec une telle structure je me permets d'en douter, j'y vois un manque de transparence, des responsabilités diluées, une absence d'intégrité. Sommes-nous assurés d'une valorisation ? Non. L'administration et les élus ne vivent pas de nos déchets. L'élu vit de ce qu'il nous communique en échange de nos voix. L'administration vit de notre imposition. A l'opposé du Téléthon où nous donnons de l'argent, de l'effort, du soutien avec un sentiment fort d'avoir effectué une bonne action. Ici nous ne donnons pas car le Trésor Public nous le prend de force sans engagements de résultats. Où est la satisfaction d'avoir bien trié et d'avoir effectué une bonne action pour l'environnement ? Dans le tri il y a des refus. Au début du SYMIRIS ils étaient de 25% c'est beaucoup mais on pouvait montrer du doigt le manque de formation des usagers. Depuis l'augmentation de 100% du coût de collecte et de tri, il est passé aujourd'hui à 50%. Cette augmentation révise à la fois les coûts de collecte et de recyclage, et, éponge sur 7 ans le gouffre financier de 11 millions d'euros accumulé par nos anciens dirigeants depuis 1995.

Je remercie l'équipe des travaux manuels de Bullion pour leur invitation, je remercie aussi le SYMIRIS pour son aimable accueil.

Jeudi 28 novembre

Marie-José arrose sa promotion : encore un pot ! C'est le 4ème depuis ma reprise. J'ai commencé à installer mon webserver sur un PC que Catherine m'a fourni. Le langage PHP fonctionne.

Samedi 30 novembre

Ce sont les 75 ans de Jacqueline, ma belle-mère. Pour l'occasion, nous allons au restaurant chinois de Saint-Arnoult. Tonton Jacques et Tata Noëlle sont là pour fêter l'occasion. Fanny et Théo s'essayent aux baguettes. Pas facile. Je crains le pire. Avec Théo tout peut arriver ! Françoise aurait-elle trop bu ? Non, c'est la torche de la caméra vidéo qui l'éblouit (mettre le curseur sur la photo). De retour à la maison le Champagne est prêt, le gâteau aussi avec ses bougies : joyeux anniversaire Mamie !

JacquelineFanny et ThéoJacques et moiNoëlle et RenéFrançoise : as-elle trop bu ?Soufflage des bougies.

 

Dimanche 1 décembre

Ce jour est à marquer d'une croix blanche. C'est ma première séance de piscine depuis une éternité. Je ne me souviens pas de ma dernière baignade mais cela remonte au moins à 2 ans, peut-être plus. Jusqu'en septembre je ne pouvais pas me baigner à cause du type de cathéter. Lors de son renouvellement par un cathéter à chambre implantable sous la peau, la possibilité de se baigner s'est présentée. Je n'avais qu'à attendre la cicatrisation de ce dernier et l'opportunité d'aller à la piscine. De plus, j'avais quelques complexes à exposer mes poignées d'amour disgracieuses et mon ventre rondouillard. Mais c'est sans compter sur Théo qui m'a vite rassuré : "tous les papas ont un gros ventre, alors..." C'est donc avec un réel bonheur que nous nous sommes rendus à la piscine de Rambouillet pour quelques brasses avec les enfants. Ils sont radieux de pouvoir nager aux côtés de leur papa dans le grand bain. Fanny nage bien maintenant. Avec des lunettes, elle nage la brasse coulée. Quant à Théo, on le pense à la limite de la noyade mais cela ne l'empêche pas d'effectuer quelques longueurs de suite.

On pense qu'il va se noyer, mais non ça marche. Quel bonheur d'être avec son papa à la piscine !

 

Mardi 3 décembre

Au travail : ça y est mon webserver commence à tourner avec la base de données MySql. Déjeuner avec Annie T. C'est un vrai plaisir de la retrouver et passer un bon moment ensemble après tant d'absence. Nous avons pleins de choses à nous raconter en peu de temps car elle a une téléconférence à 13 heures.

Jeudi 5 décembre

Déjeuner avec mes amis de la Radiothérapie. Quel plaisir de se retrouver et de se remémorer les développements que nous avions effectués ensemble, les installations de machines de radiothérapie sur les sites. Tiens au passage, 2 des 13 collimateurs multilames ont été détruits par les inondations en Allemagne cet été. Les salles de radiothérapie installées en sous-sol pour limiter les rayonnements ionisants sont encore remplies de boue jusqu'au plafond rendant les machines inaccessibles. Le collimateur multilames de Milan va être remplacé par un système Varian.

Vendredi 6 décembre

C'est mon premier spectacle, j'ai pris un risque car il faut que j'évite les foules normalement mais je ne le regrette pas. Rendez-vous à 18 heures. Nous nous retrouvons Thérèse, Douglas, Lucie leur fille, Françoise et moi devant le théâtre des "Bouffes Parisiens". Crêperie à deux pas avant l'ouverture : crêpe jambon, fromage, salade, puis crêpe à la crème de marrons, le tout agrémenté de bolées de cidre brut. Ensuite, petite attente bien au chaud à l'entrée du théâtre où nous en profitons pour admirer quelques bronzes de Jean Marais, quelques effets de Sacha Guitry, des photos d'acteurs... Ambiance feutrée, nous allons voir "Le Quatuor" dont l'annonce pourrait se résumer ci-dessous mais à ce moment là je n'en connaissais pas la teneur. Quelle fut ma surprise ! Nous avons passé un excellent moment. Je vous recommande ce spectacle :

Après "Il pleut des Cordes", Molière 1998 du meilleur spectacle musical et Victoire de la musique 1998, Le Quatuor revient avec un nouveau spectacle : "Sur la Corde Rêve". Le Quatuor : Quatre artistes hors du commun, Jean-Claude Camors (violon) - Laurent Vercambre (violon) - Pierre Ganem (alto) - Jean-Yves Lacombe (violoncelle) - mis en scène par Alain Sachs, nous entraînent dans une folie douce pendant une soirée inoubliable. Ils nous font voyager à travers la musique, toute la musique… sous toutes ses formes. Du classique au Jazz, des variétés aux musiques de film, des comédies musicales au rythm’n blues, tous les airs les plus célèbres servent à l’évocation de tableaux cocasses et tendres dont ces comédiens-chanteurs, virtuoses de l’archet, ont le secret. Pour en savoir plus...

J.C CamorsL. VercambreP. GanemJ.Y. Lacombe

Samedi 7 décembre

L'expérience de la piscine s'était si bien déroulée la semaine passée que nous renouvelons l'occasion. En arrivant à la piscine de Rambouillet nous découvrons que c'est le jour du Téléthon. Après un instant d'hésitation, Théo finit par nous convaincre d'y entrer. Le prix de nos entrées est reversé au Téléthon, notre soutien consiste donc à faire des longueurs. Finalement nous aurons parcouru respectivement : Théo 350m, Fanny 450m, Françoise 1000m et moi 850m. Le maître nageur, chargé de la comptabilité des longueurs, m'a dit que j'aurais pu faire mieux mais je n'ai rien dit. J'ai tellement envie de tourner la page et d'oublier cette maladie. Pour une deuxième séance c'est déjà pas mal. Je n'ai pas parlé non plus de l'EPO que j'ai pris la veille pour anticiper ma prochaine chimiothérapie...

Pendant ce temps Fanny en a profité pour s'inscrire au baptême de plongée sous-marine pour quelques euros de plus. Françoise la rejoint car c'est une discipline qui l'a toujours intéressée. Le club de plongée a apporté beaucoup de matériel pour l'occasion, il y en a même pour les enfants. Manon et Chloé qui sont avec nous, ont déjà commencé et tout ce passe bien. Fanny, motivée au début, a terminé sans conviction. Elle, qui parle tout le temps, se retrouve avec un détendeur dans la bouche, alors... Quant à respirer par le nez... Le masque l'interdit. Par contre Françoise a pris un réel plaisir. Quinze ans après son pneumothorax spontané, ce sport lui est-il toujours contre indiqué ? A deux mètres dans la piscine, elle ne craint pas grand chose. Je crois qu'elle aimerait bien s'inscrire à un club. Finalement elle repartira avec les coordonnées du médecin agréé par la fédération française de plongée. A suivre...

FannyFrançoise ManonChloé

Je remercie Vincent Q. du club de plongée pour les photos.

Le soir, dîner chez Martine et Gilles. Réjane et Thierry étant présents, nous avons bien entendu discuté de plongée. Ce sont de grands spécialistes. C'est Réjane qui m'avait baptisé il y a quelques années. Jean-François était présent aussi avec son fils Thomas. Qu'est-ce qu'il a grandi ! Nous avons parlé voyages, Réjane et Thierry reviennent de Chine, Martine et Gilles de Cuba. Quel plaisir de se retrouver ensemble ! Nous avons beaucoup de souvenirs en commun depuis notre première rencontre Réjane, Martine, Jean-François et moi chez Gixi en 1986. Les enfants ont bien joué. Théo et Mathieu s'entendent vraiment très bien. Oh, Gilles ! Reste un peu tranquille ! (Mettre le curseur sur la photo).

Jeff,  Françoise, Thierry, Réjane, Gilles et Martine.Oh, Gilles !Thomas, Fanny, Théo, Mathieu et Florent.

Mardi 10 et jeudi 12 décembre

Au travail : j'ai réalisé une maquette de la future application à l'aide de pages web statiques. Elle va me servir de base de discussion pour récolter tous les besoins en gestion du parc informatique.

Dimanche 15 décembre

J'aime bien venir à la ferme des bois. Il y règne toujours une ambiance familiale simple, calme et généreuse. Yvonne et Alain nous accueillent pour déjeuner. Laurence et Henri sont présents avec leurs enfants : Lou et Tom. Ma belle-mère et mon beau-père sont là aussi (encore !? Je plaisante). Roger, frère de René, et Alice sa femme, tous deux parents d'Alain, se sont décommandés ce matin pour raison de santé. Yvonne nous a concocté un délicieux repas. Foie gras. Coupe de fruits de mer qui m'a fait rudement saliver sans toutefois pouvoir y goûter. Vivement la fin de mon traitement. Un tendre gigot d'agneau aux 2 haricots, j'en ai repris deux fois, il était si bon, fromages et gâteau d'anniversaire, un framboisier garni de crêpes. René, admirable compteur d'histoires nous rappela les aventures de "l'Oncle Georges", un aïeul chauffeur de Maître qui, motocycliste à ses heures, manqua un virage, passa à travers une haie, y laissant la grosse valise de carton qu'il avait fixée à son dos avec des ficelles. Ou encore la conversation qu'il avait eue avec le fossoyeur lorsqu'il entra à l'hôpital de Mantes pour ses derniers jours : "Tu ne vas pas tarder à me voir... Dis, tu n'oulieras pas de me remettre mes dents".

Ce repas fut un grand plaisir. Je regrette que ces bons moments passent si vite.

Françoise et RenéJacquelineYvonne, Henri et LaurenceAlain, Yvonne et RenéThéo, Fanny et LouTomTom et Lou soufflant les 2 bougies.

Mardi 17 décembre

Le médecin du travail est content de me revoir suite à ma visite de reprise le 8 octobre dernier. Déjà deux mois selon lui. Pour moi c'est deux mois "seulement". Durant cette période j'ai travaillé 11 jours. L'objet de cette visite est une vérification formelle : mon temps partiel et le poste de travail sont-ils bien adaptés ? Mes nouvelles activités sont-elles intéressantes ? Autant de questions qui permettent de juger d'une reprise adéquate et surtout nécessaire à la guérison. Les résultats sont concluants. Nous en profitons pour mettre à jour de mon dossier médical car j'ai reçu l'accord écrit de la sécurité sociale concernant ma reprise de travail. Il était verbal jusqu'à présent.

Jeudi 19 décembre

C'est le repas de fin d'année du service. Rendez-vous sur le parking de Buc où un car nous attend. Destination le Château de Tremblay sur Mauldre. Accueil avec café et pâtisseries. Réunion de présentation des retours sur le salon du RSNA (salon mondial de la radiologie) qui s'est déroulé la semaine passée. Pour nous c'est le principal salon, la carrière de nos produits se joue ici. D'ailleurs General Electric y a mis le paquet : le stand faisait 2000 m2. C'était le plus grand stand. Il a nécessité 80 camions et 2800 personnes de l'entreprise sont venus apporter leur contribution sur place. Entre scanner, RMN, échographie, mammographie, médecine nucléaire... et bien sûr nos applications logicielles. Que d'évolutions en deux ans ! Advantage Windows notre station de revue d'examens fonctionne maintenant sur Linux et s'ouvre donc au monde du PC. Je me souviens aussi d'avoir encadré un projet Six Sigma sur le déroulage des vaisseaux sanguins pour identifier et mesurer des sténoses et plaques d'athéromes. Depuis les progrès algorithmiques continuent, on déroule des colons pour identifier des polypes. Je reste admiratif tant sur les exploits techniques, que sur la connaissance de notre milieu intérieur. Les images obtenues sont purement stupéfiantes de précision. Devant cette précision grandissante due à l'explosion du nombre de coupes scanner, le médecin n'aura bientôt plus le temps d'examiner l'ensemble des coupes. Il y en a beaucoup trop. Les logiciels doivent l'aider dans sa tâche en lui proposant des zones à explorer plus particulièrement : c'est le domaine de l'aide diagnostic ou CAD (Computer Aided Diagnostic). Cette aide ouvre une dimension nouvelle, celle de l'aide de l'ordinateur dans le diagnostic et de la confiance que nous lui accordons. Changement culturel tout d'abord mais aussi juridique, car il faut s'affranchir de tout risque de mauvais diagnostic. Connu déjà en mammographie, les résultats semblent concluants. Le CAD va donc s'étendre petit à petit, franchissant chaque fois de nouveaux obstacles. Ainsi, s'il devient possible de suivre l'évolution des nodules pulmonaires, il s'agit maintenant de savoir si l'un d'entre eux est malin et précurseur d'un cancer. On les estime aujourd'hui à 2%.

D'autres sujets tout aussi captivants ont été abordés pendant cette présentation mais je constate une chose : ma maladie et le développement d'une certaine sensibilité qu'elle a engendré, me rendent encore plus réceptifs aux progrès médicaux et plus curieux aussi. Mon désir d'investigation, d'épanouissement, de rêve et indirectement d'espoir de guérison, s'en trouvent décuplés. C'est vraiment une chance de travailler dans un tel service. J'ai vraiment hâte de revenir à temps plein.

La santé en bref

Afin d'anticiper la prochaine chimiothérapie, j'ai repris l'EPO depuis le 6 décembre à raison de 15000 UI / semaine. Le 18 décembre, date de mon dernier examen sanguin, j'ai arrêté les injections, le niveau d'hémoglobine ayant atteint 14.7 g / 100 ml. Le minimum requis est de 14.2 (calculé au printemps dernier) pour affronter les effets de l'Aracytine et de l'Endoxan sans transfusion.

Dosage des inter cures

Date

J Cure (0)

Inter cure : Oui / Non

Dose ou Commentaire

06-nov

13

Oui

1/2 dose (bilirubine T > 20 mg/l)

20-nov

27

Oui

1/2 dose (bilirubine T > 20 mg/l)

04-déc

41

Oui

1/2 dose (bilirubine T > 20 mg/l)

18-déc

55

Non

Prochaine chimio dans 1 semaine

Pleine dose : Purinéthol = 2 comprimés / j, Méthotrexate = 8 comprimés / semaine

Turlulu,Turlulu, Turlulu, Tah! Tah! Tah! ... Ici Londres !...


Merci à tous pour vos messages et cartes postales !

Voilà pour cette longue chronique étoffée d'activités en tout genre, elle reflète sans aucun doute l'envie de rattraper la Vie, la brûler par les deux bouts. Les préparatifs de Noël sont déjà bien avancés. Tout le monde se met à l'ouvrage. J'ai réussi à préserver Noël dans mon traitement, car je voulais le passer avec mes enfants, mais ma prochaine chimiothérapie est fixée le 26 décembre. J'aurais pu la reporter au début du mois de janvier mais ce serait décaler d'autant la date de fin du traitement. Il me tarde de tourner la page, c'est dire si je crois en la guérison !

Je vous souhaite un joyeux Noël, une année 2003 exceptionnelle et une excellente SANTE !

Je serai de nouveau au travail le mardi 28 janvier.

A très bientôt

Retour au début