Le 27 janvier 2003 : Encore de l'EPO ?

Je continue à profiter de mes derniers moments avant la nouvelle chimiothérapie. Encore quelques repas entre copains, un Noël en famille et me voilà de retour à l'hôpital Saint-Louis. Arrivé en avance, assis sur un banc face à l'entrée principale, je contemple la façade puis la fenêtre de ma première chambre. Je me souviens... Mais il est maintenant l'heure d'y aller, rien ne se passera comme prévu, sans doute parce que nous sommes le lendemain de Noël. De retour à la maison, la violence de la réaction semble légèrement moins forte mais c'est dur tout de même. Jour de l'An en catimini. La perte des globules rouges paraît moins forte aussi. Alors fini l'EPO ? Là, je me trompe vraiment, ce n'était qu'une impression. Une semaine de neige. Je reste bien au chaud. Agacé, ma première sortie sera pour la sécurité sociale. Le lendemain c'est la galette des rois au Judo. Théo est ravi que son papa puisse être présent. Deux autres sorties encore et je prends froid m'obligeant à rester au lit durant 6 jours. Serais-je présent mardi pour travailler ? On verra.

Bilan de la séance

Après un réveillon festif en famille et une journée de Noël détendue, je dois me résoudre à rependre le chemin de l'hôpital Saint-Louis dès le 26/12. Le taxi est déjà là, nul besoin de réfléchir, en route ! En avance, j'ai déambulé dans les couloirs puis dehors malgré le froid humide. Assis sur un banc, face à l'entrée principale, j'en profite pour appeler Françoise, histoire de tuer le temps, me rassurer aussi. Je contemple la façade de l'hôpital et j'aperçois au troisième étage la fenêtre de la chambre dans laquelle j'ai séjourné la toute première fois. Presque deux ans se sont écoulés depuis. De cette fenêtre, j'ai reçu le diagnostic foudroyant et un pronostic incertain. Je regardais les passants sans vraiment savoir si un jour j'aurais l'occasion de m'asseoir sur l'un de ces bancs. De cette fenêtre mon histoire a commencé. Derrière cette fenêtre, assis dans mon fauteuil j'ai écrit ma première chronique Pas glop, pas glop !

Dix heures, il est temps de rejoindre l'hôpital de jour. Bonjour aux infirmières. Ma chambre est prête. C'est la 12. Bonjour à Maryse la surveillante. Il faut que je passe la voir en sortant pour régler les formalités de la pompe Mélodie, car aujourd'hui le traitement est une chimiothérapie à l'Aracytine et à l'Endoxan. Bonjour à l'aide soignante qui vient me proposer un petit déjeuner et me demande ce que je désire pour midi. Je n'ai pas faim, le stress sans doute, et puis j'ai déjà déjeuné à la maison. Mon rendez-vous d'aujourd'hui se résume à la visite du médecin, à la programmation de la pompe et à son raccordement à mon cathéter. Le repas de midi ne devrait pas être nécessaire. Je déjeunerai à mon retour à la maison vers 13 heures, comme d'habitude. D'ailleurs mon taxi m'attend sur le parking des urgences.

Le dosage des produits est prêt. Un jeune médecin externe est venu m'ausculter, mais attend l'aval du responsable pour la programmation de la pompe. Le temps passe... une heure. La surveillante vient m'avertir que le médecin a du retard. Aujourd'hui ce sera Emmanuel. Deux heures... Michel, le taxi vient aux nouvelles et passe voir au bureau d'Emmanuel. Il est encore en consultation et il y a encore 5 personnes qui attendent dans le couloir. Je commence à regretter d'avoir décommandé mon repas de midi mais c'est sans compter sur la prévoyance de l'aide soignante. C'est alors que tout arrive en même temps : le plateau repas, Emmanuel et l'infirmière. Juste le temps de picorer mon plateau en discutant avec Emmanuel visiblement débordé. Nous sommes en période de vacances et de plus le lendemain de Noël. L'examen d'ostéodensitométrie, destiné à vérifier la fin de la perte osseuse, est fixé le 27 février. L'infirmière me pose la pompe, quelques tâches administratives avec Maryse et nous voilà de retour à Bullion vers 15 heures avec ma pompe en bandoulière pour 24 heures. C'est Marie l'infirmière libérale qui me la retirera demain vendredi.

 

De retour à la maison

De chimiothérapie en chimiothérapie, les 4 à 5 jours qui suivent le traitement sont souvent les mêmes. La violence de la réaction vis-à-vis du produit semble s'atténuer, le corps s'accoutume. C'est la deuxième séance de chimiothérapie pour laquelle je peux me passer de Primpéran (anti-nauséeux). Du coup je me sens moins fatigué, il avait tendance à m'assommer. Je continue tout de même à prendre du Zophren, c'est l'anti-nauséeux principal. Sans lui ce serait la déroute. Je le prends maintenant sur 3 jours au lieu de 5 initialement.

Jeudi était donc mon jour de chimiothérapie. Vendredi matin : je me suis réveillé en forme acceptable. J'ai pris mon déjeuner habituel mais je n'aurais pas dû manger de clémentines. A midi les fortes nausées sont arrivées, je n'ai pas mangé, puis j'ai revomi mon petit déjeuner l'après-midi. C'est à ce moment qu'on se dit que c'est dur. Dur, parce que tout allait si bien en décembre et que c'est dur de retomber aussi bas. Je n'ai pas remangé jusqu'au dimanche midi. Quand je dis remangé, c'est plutôt grignoter car l'appétit n'est pas complètement revenu. Il reviendra vraiment le lundi soir. Il faut boire aussi, beaucoup. De l'eau à bulles, c'est mieux pour favoriser les remontées et bien sûr s'hydrater, pour les reins parfois douloureux, le foie aussi. C'est peut être cela l'expérience. Au début, tout va si mal qu'on ne prend plus rien pendant des jours. Puis petit à petit on dompte cette violence, on découvre ce qui est bon. L'eau gazeuse a vraiment du bon. Mardi, après une bonne grasse matinée je vais mieux. Ce n'est pas la grande forme mais je me sens prêt pour un petit réveillon pour le nouvel an. Nous sommes le 31 décembre.

 

EPO : est-il encore nécessaire ?

Les jours ont passé vite au mois de décembre : reprise du travail, préparatifs de Noël et mille autres activités. Je n'ai pas pris le temps d'exploiter en profondeur mes relevés sanguins sauf bien sûr pour doser l'inter cure (sous forme de comprimés de chimiothérapie que je prends une fois par semaine le jeudi pour le Méthotrexate et tous les jours pour le Purinéthol). J'avais mémorisé cependant un peu avant le 26 décembre un niveau d'hémoglobine de 14.7g/100ml, à la suite duquel j'avais stoppé l'EPO. Lorsque je reçus mon relevé le 8 janvier, alors que je devais être au plus bas en hémoglobine j'ai constaté avec surprise qu'il fût de 9.7, niveau bien supérieur à celui habituellement obtenu 14 jours après une chimiothérapie. Deviendrai-je plus résistant ? Vais-je pouvoir me séparer de l'EPO ? Si j'avais pu m'en séparer pour le traitement au Méthotrexate / Asparaginase allais-je pouvoir en faire de même avec l'Aracytine / Endoxan ?

Vu ces 2 chiffres, ajoutés à l'enthousiasme d'avoir progressé, j'ai la nette impression de pouvoir m'en séparer. Mais, par expérience je préfère effectuer une analyse plus profonde pour confirmer ce sentiment. Et j'ai eu raison car la conclusion était trop hâtive. L'effet de l'Aracytine sur l'hémoglobine reste désespérément identique aux traitements antérieurs. Les 14.7g/100ml d'hémoglobine ont été mesurés à un moment différent par rapport aux autres relevés. Pourquoi ? Parce que les prélèvements, hebdomadaires au début, ne sont que bi-mensuels depuis septembre. Les 14.7 ramenés aux conditions des mesures précédentes se transforment en 16 et du coup le modèle reste identique.

Conclusion : la fin de L'EPO n'est pas pour tout de suite et la prescription actuelle reste inchangée. Mais l'analyse aura permis de dresser une courbe montrant la perte d'hémoglobine en fonction des semaines écoulées après une chimiothérapie. Ainsi on pourra retenir que si la première semaine la perte d'hémoglobine (par extension de globules rouges) est nulle, la perte est de :

Bien entendu, il est toujours difficile de bâtir un tel modèle avec 4 jeux de données. Mais si cette approche reste imparfaite (l'équation reflète la réalité à 85,7% près), nous pouvons en retenir les ordres de grandeur. Vous trouverez ci-dessous la réponse de l'hémoglobine (Y) en fonction des semaines écoulées (X) depuis ce traitement l'injection de l'Aracytine / Endoxan.

Perte des globules rouges en % de semaine en semaine après une chimiothérapie à l'Aracytine / Endoxan

 

Remarque : le corps humain est vraiment une mécanique formidable. Voyant cette perte considérable de globules rouges, l'organisme cherche à s'organiser, à optimiser le transport de l'oxygène. L'hémoglobine, protéine contenue dans les globules rouges est composée de quatre polypeptides (longues chaînes d'acides aminés). Chaque chaîne s'enroule sur elle-même tout en ménageant sur un côté une petite poche contenant une substance à base de fer. C'est cette dernière qui sera en charge de collecter l'oxygène. Lorsque l'on m'a envoyé cette photo je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec mes globules rouges.

 

 

 

Les sorties

Je profite des quelques derniers jours avant la chimiothérapie.

MimieAlain et Marie-ThérèseJean-Marie buvant de l'eau. Oui c'est bien de l'eau !

Jean-MarieClémentine Fanny

Effet du Champagne ?Effet du Champomy ?

 

Fanny, Théo, Rémy, le copain de Théo et le bonhomme de neige

 

 

Les questions philo des enfants

De bon matin,
J'ai rencontré le train,
De trois grands rois
Qui partaient en voyage...

Il y avait donc des trains il y a deux millénaires !

Turlulu,Turlulu, Turlulu, Tah! Tah! Tah! ... Ici Londres !...


Merci à tous pour vos nombreux voeux de bonne année et de bonne santé !

Je serai de nouveau au travail le mardi 28 janvier, prochaine chimiothérapie le 27 février.

A très bientôt

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