Il est 21 heures, les voilà. La porte s'ouvre. La lumière s'allume : Joyeux anniversaire Carole ! La surprise est complète. Retrouvailles, émotion, petite larme. Nous nous retrouvons autour d'une grande table. Eric a préparé un discours : 20 ans de vie commune et il en profite par la même occasion pour établir une présentation afin que nous puissions nous connaître les uns les autres :
"Je vais essayer de retracer nos... 20 ans de vie commune et même plus. Au début je n'y suis pour rien. Le début c'est avec Jacques et Jacqueline, le papa et la maman de Carole. Une famille très unie et que je remercie d'être présente ce soir. Renée est la tata qu'on va voir quand tout va mal et qui apporte le réconfort. Elle habitait à proximité et Carole venait très souvent... pour y manger du saucisson sec.
Près de 18 ans après, nous étions étudiants lorsque nous nous sommes connus. Avec Didier, nous avons commencé par prendre le même chemin, des études d'ingénieur, avant qu'il ne choisisse la filière de l'enseignement à l'école Normale. Didier et Béatrice, j'ai le souvenir de soirées mémorables en chansons avec la guitare. Avec vous, j'ai appris tout le répertoire de Francis Cabrel et de Maxime Le Forestier. Comme, il y a beaucoup d'enseignants dans cette salle, je ne ferais que des commentaires positifs. Il y a deux grands groupes ici : les enseignants et ceux qui travaillent à 85-90% dans des entreprises privées. Des entreprises qui ont été vendues ou qui vont l'être pour éviter la faillite... Eclats de rire.
Enfin pour revenir au discours, parce qu'il y a une logique, nous étions étudiants, j'avais des pensées à gauche, même vraiment à gauche. Nouveaux éclats de rire. C'était la période des matchs de volley avec Viviane et Bruno jusqu'à très tard dans la nuit. Ce que l'histoire ne dit pas c'est que le meilleur smasher des deux n'était pas moi. Dans ces soirées tardives, il y avait toujours un groupe d'amis en particulier Véronique, ma sœur et Amine. Amine était mon meilleur copain. Depuis qu'il est sorti avec ma soeur, il... reste bien évidemment un très bon copain. Amine, comme son nom l'indique vient du sud d'Avignon, à proximité de l'Espagne. Puis nous passons à nos dernières années, nous nous sommes connus grâce à nos filles Marion et Céline. Les enfants sont devenus copains, puis les parents se sont dit que les parents des copains ne sont pas si désagréables que cela. Nous avons passé une semaine ensembles à Avignon pendant les vacances de Noël. Cela nous a fait particulièrement chaud au coeur.
Pour continuer et pour ceux qui connaissent mon écriture, vous comprendrez que moi aussi j'ai beaucoup de mal à me relire. Je continue avec ceux qui ont fait l'erreur de ne pas être enseignants, il y a là deux erreurs : Guénhael et Rozenn. Avant d'avoir un métier proche du mien, Guénhael et moi avons partagé ensembles beaucoup d'éclats de rires. Et puis Rozenn, j'avoue que j'ai un fantasme, ce n'est pas la maîtresse d'école mais c'est l'infirmière... Outre ce fantasme, nous avons également passé d' agréables moments.
En 1987-88, Carole et moi avons habité un an ensembles dans la banlieue de Ris-Orangis. Nous avons décidé ensuite de partir pendant deux ans et demi aux Etats Unis au début des années 90, puis en Grèce pendant un an et demi. Ce que nous avons retenu de ces années, ce sont des visages et des gens. Ainsi, nous ne collons plus derrière Américains ou Grecs des clichés. Ce sont avant tout des copains même si le climat et les décisions qui se prennent en ce moment aux Etats-Unis ne nous conviennent pas forcément. Annie et Christian, j'ai le souvenir de cette période aux Etats-Unis.
Pour continuer, j'aime beaucoup la famille de Carole. Avec Marie-Thérèse on aime bien s'appeler les pièces rapportées. Ensembles nous avons un fort sens de l'humour. Il est vrai qu'avec elle j'adore médire. Son mari, Didier et frère de Carole, j'ai mis du temps à le connaître, à l'apprécier. Certains diront qu'avec le temps, je n'y suis pas arrivé, mais c'est ingénieur que j'apprécie beaucoup, au domaine très large. Il y a aussi Nicolas son fils, un acharné et futur ingénieur. Nous sommes maintenant en 1994, nous avons eu beaucoup d'enfants et sommes revenus en France. Une année à Briis-sous-Forge, puis c'est l'arrivée à Bullion. Régis et Françoise, au-delà de relations de voisinages, sont devenus des amis. Puisque nous en sommes aux confidences, ... (un blanc)... j'ai changé de maison parce qu'à un moment donné, Régis a dit ça suffit ! Plaisanterie mise à part, je voulais dire que nous sommes très contents de voir Régis parmi nous. Un soir, au retour du ski, on s'est rendu compte que la vie était parfois compliquée, qu'il y avait des maladies qui tombaient sur les épaules des gens. Régis, la façon dont tu as vécu cette leucémie pendant deux ans et demi : chapeau bas ! Je me suis dit : si un jour j'avais un cancer, je penserais à lire Desproges, mais aussi à lire ce qu'à fait Régis.
Mais continuons. A Rochefort en Yvelines, il y a une petite école dont il y a ici des dignes représentants. Daniel était le directeur de cette école. Marie-Laure a pris la succession et travaille avec Carole. Vous m'avez toujours entendu dire du mal des enseignants, mais dans cette école là, je suis tout à fait heureux d'y mettre mes filles. J'ai quelques anecdotes en tête par exemple Marion qui rentre et qui me dit : "M. Fabry ? Il sait tout !" Et Bernard, j'ai un souvenir du Dormeur du Val récité par Solène il y a 3 semaines. Marie-Laure, il y a une race de gens qui ressemble aux chauffeurs de voitures. Ce sont des gens qui sont charmants en temps normal mais lorsqu'ils se retrouvent au volant de leur voiture deviennent désagréables. Avec les parents d'élèves, c'est un peu la même chose. Ils peuvent devenir désagréables au fil d'une réunion. J'ai assisté à la réunion de classe préparatoire de Solène. Marie-Laure, je le dis vraiment gentiment, l'ambiance était très tendue. Il y avait là beaucoup de jeunes cadres dynamiques qui avaient des enfants bien sûr tout aussi brillants qu'eux et qu'il fallait choyer. Dès que Marie-Laure présentait quelque chose, on lui rétorquait : "mais attention madame, est-ce que vous savez que... ?" Marie-Laure voulait tout de même expliquer qu'il y a avait de la pédagogie, une structure dans tout cela. Elle présenta sa méthode de mathématiques avec la volonté de donner une image aux nombres. Par exemple : "lorsqu'on dit aux enfants 7+4, on ne veut pas qu'ils comptent sur leurs doigts mais qu'ils aient l'image du... douze." Rires.
Voilà, reste Carole. J'ai préparé un autre discours. Je m'en voulais tellement que j'en ai écrit trois classeurs. Je plaisante. Je voulais te dire merci, merci à toi, merci de faire tourner la maison au quotidien, merci car cela fonctionne. Pour ceux qui savent que je suis souvent absent, qu'ils sachent que cette petite dame s'occupe de tout. Encore merci et merci à tous ! "
Eric,
Le samedi 29 mars 2003.