Revanche à couper le souffle

Jeudi 26 juin, huit heures, mon taxi habituel m'attend déjà dans la cour pour un rendez-vous fixé à dix heures à Saint-Louis. Nous avons deux heures devant nous mais Michel n'a pas voulu prendre de risque. Avec toutes ces grèves contre la réforme des retraites qui sévissent depuis début mai et qui persistent encore par endroit, il en a assez. Surtout que la grève des transports d'usagers ne se justifie pas. Bien que ce secteur ne soit pas concerné par la réforme, il profite de son pouvoir pour paralyser toute la région parisienne. Nous arrivons en avance vers 9:30. L'infirmière n'est pas encore arrivée. Pour tuer le temps je sors dans le parc.

En chemin, je passe devant le tableau de Ben, peintre contemporain, que j'avais remarqué quelques séances auparavant à l'entrée de l'hôpital de jour. De la même façon, j'étais arrivé plus tôt. En me promenant dans les couloirs, j'étais tombé en arrêt devant cette toile, alors que j'étais passé là souvent sans la voir. Une toile pourtant de grande taille, simple, en trois couleurs. Un fond bleu profond, océanique, sur lequel Ben a peint, en petites lettres de sang, de façon continue et ligne après ligne jusqu'à couvrir toute la surface : "il bat, il bat, il bat, il bat, il bat, il bat, il bat..." Au premier plan, bien au centre, on peut lire cette phrase d'un bleu ciel : "je vis !" L'important est donc de vivre et d'en profiter, jusqu'au dernier battement de notre coeur, à notre dernier souffle. La chose est entendue, on en profite d'autant mieux qu'on se sent mortel. Mais rythmée par nos activités professionnelles fourmillantes et par une société avide de consommation, notre vie occidentale tend malheureusement à nous le faire oublier. Il faut un : "il bat, il bat, il... couic", pour nous rendre compte que nous vivons, pire encore, que nous vivons parfois à côté de l'essentiel. Je m'assois sur un banc. Il fait bon ce matin. La brise est légère, douce, chaleureuse au visage. La météo a été exceptionnelle ces derniers mois. Je regarde les passants qui entrent ou sortent de l'hôpital. Les rayons du soleil sont déjà chauds et nombreux sont ceux qui marquent une pause cigarette avant d'aller travailler dans l'établissement, visiter un patient ou se faire traiter une tumeur. Pourtant ce n'est pas moi qui le dit mais le ministère de la santé relayé par les spots publicitaires à la télévision : le tabac est à l'origine de près de 90 % des cancers du poumon. Mais d'où vient cette déconcertante capacité à ignorer du danger ?

Dépité, je plonge mon nez dans le livre que j'ai entamé la veille : la longue marche de Bernard Ollivier. Journaliste à la retraite, sa femme est décédée, le laissant seul. Il décide de partir parcourir la route de la Soie, une marche de 14000 km en 4 années à la recherche de lui-même. Par son engagement moral, par la dureté et la longueur de l'aventure dans laquelle il s'est plongé, par la chaleur des gens au hasard des rencontres, mais aussi par les tracas quotidiens auxquels il doit faire face, je me retrouve un peu dans son histoire. Elle reste cependant bien différente. Il a pris le temps de bâtir son projet au milieu de grands espaces, le mien m'est tombé dessus me clouant le plus souvent à la maison. Je suis doublement motivé pour engloutir d'une seule traite cette aventure, mais c'est déjà l'heure de mon rendez-vous.

L'interne ou l'externe, je ne sais plus car c'est un nouveau à chaque fois, m'ausculte. Il s'assure que depuis la dernière séance, tout s'est bien passé, fait le point sur les ordonnances que j'ai préparées, il paraît surpris mais intéressé. C'est Catherine qui vient me brancher avec une solution de bicarbonate de sodium, puis Véronique, une nouvelle infirmière, qui prend le relais. Le dosage du PH ne semble pas nécessaire, la routine en sorte. Patricia Franchi-Rezgui, le médecin, passe me voir. Je ne la connais pas mais je l'avais déjà aperçue à plusieurs reprises au cours des séances précédentes. Elle veut connaître "cette personne" qui a des ordonnances, un site web et dont tout le monde parle. J'imagine que ma chronique relatant ma dernière chimiothérapie a dû produire son effet.

C'est bon, je suis prêt à recevoir le Méthotrexate. L'injection commence, la routine. Soudain au bout de quelques minutes d'injection, je me rends compte que le Zophren a été oublié. L'oubli est vite rattrapé. L'injection reprend. Le plateau repas arrive. Je n'ai pas faim, je vais attendre un peu avant de me restaurer. Je sens le produit m'envahir et fourmiller dans mes membres. Je ne suis pas bien et même de plus en plus mal. J'abandonne mon plateau intact, je vomis puis m'endors deux heures durant. Michel, parti pour une autre course, vient me rechercher. La tempête en moi s'est apaisée. Je suis confiant pour le retour, j'ai l'estomac vide.

Le lendemain, le docteur Philippe Rousselot me rend visite. La prochaine séance sera la dernière. Quel chemin parcouru ! Nous définirons la suite lors de la prochaine séance. Nous prendrons rendez-vous pour le retrait du cathéter et planifierons le suivi. Il n'y aura pas de ponction de moelle, mais simplement des prises de sang régulières dont la fréquence restera à confirmer. Pour la prochaine séance, il n'y aura pas de pompe, pas de sac en bandoulière. L'entreprise en charge de ces pompes a déposé le bilan. Cette fois je suis prévenu, la séance se déroulera comme celle d'avril. A moi de prévoir les rendez-vous avec les infirmières, de prévenir le pharmacien pour qu'il dispose d'Aracytine en temps voulu. Il semble que je me sois un peu emballé en avril, mais de toute évidence par manque d'information. L'Endoxan et l'Aracytine ne pouvait pas être injectés simultanément, c'est pourquoi je n'avais reçu que de l'Endoxan à l'hôpital et étais rentré à la maison avec une ordonnance d'Aracytine. Autre chose que je ne savais pas, l'injection d'Aracytine que j'avais planifiée le soir même, pouvait être différée le lendemain matin. L'important étant que l'injection de ces deux produits ne soient pas trop proche. J'accepte donc cette nouvelle explication mais je constate qu'avec la pompe, la logistique était plus simple et le temps global d'injection plus réduit : 24 heures initialement, contre 48 heures maintenant. Ce sont donc 24 heures de nausées en plus. J'y perds en confort mais ai-je le choix pour cette dernière séance ?

Nous discutons du protocole LALA2000. Il tend vers le traitement des enfants leucémiques. Plus ramassé sur la durée, ce protocole apporte un confort significatif au patient : le traitement dure moins longtemps. En revanche, le temps entre les chimiothérapies est réduit à un mois. Le patient va-t-il supporter moralement ce rythme très soutenu ? Par expérience, je me souviens de mon soulagement lorsque les traitements sont passés de 30 à 42 jours. A ce moment là, j'allais baisser les bras et arrêter le traitement. Je n'en pouvais plus. Une consultation, la réduction des intercures de moitié et l'utilisation d'EPO m'ont redonné un coin de ciel bleu.

L'injection commence, mon prochain rendez-vous est fixé et j'apprends qu'il ne sera pas en septembre comme je l'imaginais mais fin août. L'hôpital de jour étant fermé tout le mois d'août, j'ai la possibilité d'effectuer ma dernière chimiothérapie à Myosotis 3, le service dans lequel j'avais été accueilli au début de ma maladie. Comme s'il fallait boucler la boucle et revenir à mon point de départ, j'effectue malgré moi un retour aux sources de mon traitement. En somme, un moyen de se dire, "ça y est, j'y suis arrivé... enfin !", une façon propre de tourner la page, d'oublier, même si rien ne peut être comme avant.

Je rentre à la maison. En chemin, j'apprends la mort de Marc Vivien Foé mort subitement pendant le match de la veille. D'aucun s'interroge déjà sur sa mort, sur le dopage, sur le sport en général et ses enjeux financiers. Mais non ! C'est une hypertrophie cardiaque congénitale, dit-on. Je pense aussi à l'enquête italienne, commencé il y a quelques mois déjà. Elle vise à retrouver les anciens footballeurs des années 70 et 80. Certains s'inquiètent de leur mort prématurée.

Je me suis reposé samedi et dimanche et je n'ai pas perdu totalement mon appétit. Les nausées ne sont apparues que lundi avec un pic assez fort le soir, malgré le Zophren. Pour plus de confort, j'ai pris un suppositoire de Prinpéran. Je l'ai pris aussi à contre coeur, car depuis quelques séances j'avais réussi à m'en séparer. Les nausées ont duré jusqu'au mercredi matin.

Lundi toujours, après une longue conversation avec Olivier sur sa santé, j'ai décidé d'effectuer quelques recherches. C'est la première fois que j'aborde sa maladie en profondeur. Pas à pas, je dénoue ce qu'il me délivre en bloc : symptômes divers (atrophie musculaire de sa jambe droite depuis quelques mois, puis de la gauche, des transamisases très élevées, bien au delà de ce que je pouvais imaginer avec mes propres analyses) , termes techniques qu'il a glanés au cours de nombreux examens (acanthocyte, érythrocyte, syndrome de Macleod), diagnostics... En deux heures de temps, et grâce à Internet, j'arrive à reconstituer le puzzle, à comprendre de quoi il s'agit, à avoir une vision de ce qui l'attend et enfin, à connaître ceux qui travaillent sur le sujet. Il s'agit d'une neuro-acanthocytose, une maladie génétique très rare dont le gène se situe sur le chromosome X. Mais le faible nombre de cas et la diversité des formes de la maladie n'ont pas encore permis aux scientifiques de la comprendre parfaitement. Elle fut découverte en 1961, à la suite d'un accident de transfusion sanguine et fut réellement identifiée génétiquement en 1996. Elle est transmise par la mère et se développe le plus souvent chez les garçons entre 30 et 40 ans. Un colloque a eu lieu le 2 mai 2002. Près de trente acteurs européens y étaient présents et travaillent sur le sujet. Dix huit cas de personnes ont été étudiés laissant apparaître des variantes de la maladie. Elle se caractérise par la déformation des globules rouges (erythrocyte) due à une protéine entraînant tous les symptômes ci-dessus. Le coeur étant un muscle, à terme son atrophie permet d'imaginer la suite... Mon moral qui était bas du fait de ma récente chimiothérapie vient de prendre un coup supplémentaire. Olivier est un ami de longue date et cette découverte m'accable. Pourtant, je n'aurai pas dû effectuer ces recherches. J'aurai dû les différer de quelques jours au moins, à un moment plus propice pour moi, pour mon moral. C'est la déprime. Une chose est certaine, il suffit de savoir lire et écrire pour accéder au savoir. Enfin, c'était vrai jusqu'au siècle dernier, car aujourd'hui pour avoir toutes ces informations à portée de doigts, il faut savoir utiliser un ordinateur et connaître l'Anglais la plupart du temps. Durant ces dernières années, l'information technique s'est considérablement accrue sur Internet. Tout fonctionne à l'échelle mondiale maintenant. Ainsi, s'il n'y a seulement dix Français atteints de cette maladie, rapporté à la population, il y en a dix fois plus en Europe et potentiellement cent fois plus à l'échelle de la planète. Mais Olivier ne parle pas l'anglais et utilise assez peu le clavier. Pourtant, il serait si simple de contacter par E-Mail ce professeur Allemand qui a publié ces informations et pourquoi pas prendre un rendez-vous à Munich puisqu'il semble être à la recherche de cas comme celui d'Olivier. De plus, ce professeur connaît sans doute l'existence d'associations de familles avec lesquelles Olivier pourrait converser et se forger une vision. Les jours suivants Françoise ira lui remonter le moral. Il en a besoin. Quant à moi, ne pouvant sortir, je préfère me recentrer sur ce qui me tient à coeur pour cet été : ma randonnée canoë.

L'idée nous est venue Carole et moi lors des répétitions de danse des enfants en juin. Elle rêvait d'une descente pépère. Moi aussi j'en rêvais en guise de revanche sur ma maladie. De contacts en contacts, nous serons treize participants : Carole, Eric et leurs enfants, Béatrice, Didier et leurs enfants (nous les avons connus lors des quarante ans de Carole, ils ont une maison de campagne à Arcy sur Cure, à une journée de canoë de celle de mes parents), et nous. Du coup, l'itinéraire est tout trouvé, nous descendrons la Cure. Je l'ai déjà descendu plusieurs fois, il n'y a aucun risque. J'ai trouvé un loueur sur Internet, défini l'itinéraire et la durée. Finalement nous partirons trois jours et nous ferons du camping sauvage. Les sept enfants sont ravis. Les miens ont déjà testé les tentes dans le jardin. Cette revanche, je la veux avec le canoë canadien de mon enfance : une pirogue en bois nommée l'Irokoa. Pour cela, je complète la liste de matériel par deux gilets de sauvetage et un bidon étanche que j'achète à Vallon Pont-d'Arc toujours par Internet. Voilà, depuis mon lit, j'ai tout mis en place, reste à patienter jusqu'au lundi 4 août. Malheureusement à la suite d'une sortie en Roller, Carole se casse le poignet, trois broches viennent de lui être posées. Elle ne participera pas à l'expédition et nous rejoindra plus tard.

Le départ en vacances approche. Françoise a reçu la confirmation de son inscription à l'exposition des peintres de Saint-Bris-le-Vineux pour le 20 juillet. Nous nous préparons à partir pour le 19. Ce sera tout juste pour la reconstitution des mes défenses immunitaires (J23). Mais je suis confiant, la canicule est toujours là, le temps est très sec et les risques de contamination faibles. Nous pourrons partir. D'ailleurs quelques jours auparavant j'avais déjà pris le risque d'aller dîner chez Anne. Autour d'une tarte Tatin au jambon, fromage et courgettes, Hubert, son mari nous a compté leurs vacances, leur ballade en canoë sur l'Aven en Bretagne, et l'avarie de son embarcation trop faible pour sa corpulence. Le siège a cédé brusquement sous son poids, déséquilibrant l'équipage qui se retrouva aussitôt à l'eau. Frayeur de courte durée, Yann n'est pas remonté tout de suite à la surface, sans doute à cause du canoë retourné au-dessus de lui. Dans la bataille Hubert à perdu ses lunettes de vue. Mais personne ne regrette cette aventure.

Samedi 19 juillet, les enfants nous pressent pour le départ. Les préparatifs ont pris la journée. Les enfants sont impatients, la pression monte d'heure en heure, mais pas pour l'aventure que l'on imagine. Celle-ci, ils l'ont déjà intégrée. Elle aura lieu le 4. Non, celle qui s'annonce est beaucoup plus proche, le soir même : nous devons arriver à bon port à l'heure, pour l'émission Fort Boyard. Les bras m'en tombent, n'aurais-je pas dû prévoir trois semaines de camping sauvage pour venir à bout de cette maudite télévision ?

L'exposition de peinture à Saint-Bris-le-Vineux se déroule dans les caves du village. Soixante dix artistes exposent ce jour-là. Le village est assis sur un labyrinthe de caves et leur beauté demeure insoupçonnée à ceux qui ne s'écartent pas des rues. L'idée d'inviter des exposants donne un prétexte à la visite de ces lieux magnifiques. Sans elle, ce serait au prix de nombreuses dégustations que nous en viendrions à bout.

Je m'étais promis de voir Martine avant l'été pour un déjeuner retrouvailles. Je l'ai retrouvée l'année passée grâce à mon frère et Internet. Depuis, nous nous envoyons des messages, des photos pour tenter de reconstituer notre histoire commune. Depuis, elle a conservé la photo de notre classe de cours préparatoire comme image de fond sur son ordinateur. Il y a peu, j'ai pris rendez-vous par téléphone pour le 23 juillet. Nos voix respectives nous ont fait une drôle de sensation. Nous nous sommes connus lorsque nous étions en maternelle en 1967, nous étions dans la même classe, en primaire, puis dans la même école jusqu'au lycée, avant de nous perdre de vue. Dès les petites classes, Martine était ma chérie et c'était réciproque. Puis pendant l'adolescence, je lui semblais inaccessible. Elle a dû être plus précoce que moi, et moi très timide, même si la plupart du temps je préférais la compagnie des filles à celle des garçons, plus turbulents. Nous nous sommes rendus chez elle, avec un peu d'appréhension : serai-je à la hauteur, serai-je déçu après tout ce temps ? Dès les premières secondes de notre rencontre, notre passé a rejailli : le nom des copains et copines, le nom des professeurs, des parents, nos parcours bien différents, les enfants... Ces derniers ne nous ont pas attendu et jouent déjà au premier étage. Pauvre Françoise, pauvre Phil ! Ils ont assisté en direct au 14-18 de notre enfance. Dans ce tourbillon de souvenirs, le temps est trop vite passé. Nous nous sommes couchés à trois heures du matin. Une chose est certaine, nous nous reverrons.

Classe de CP (1968-69) de Mme Heyer

Classe de CE1 (1969-70) de Mme Beckier

Dimanche 27 juillet, Lans Amstrong remporte pour la cinquième fois le tour de France. Après un cancer des testicules en 1996, voici un bel exemple de revanche sur la vie. La mienne est moins prestigieuse mais c'est le début d'une revanche tout de même. Mercredi, nous retrouvons Didier, Béatrice et leurs enfants chez eux à Arcy pour une séance de préparation. Nous passons au peigne fin ce qui doit être emmené durant ces trois jours : couvertures de survie, duvets, tentes en cas de pluie, rechange sec, lampe torche, camping gaz, popote, un guide astronomique pour les nuits étoilées, la trousse à pharmacie... Attention la place est limitée. La liste s'allonge avec les menus. Pas facile de conjuguer les goûts ou les besoins de chacun : Béatrice est allergique au gluten, et du gluten, il y en a partout. Mais elle a l'habitude, elle viendra avec ses galettes de riz, ses pâtes au maïs, ses bananes... Elle adore les bananes, surtout avec du chocolat. Et puis, Eric supportera-t-il notre rigueur spartiate ? Didier rêve de saucisson, de vin rouge, moi aussi. Un peu de douceur tout de même. La liste continue à s'allonger, elle est digne d'une véritable expédition. Pourtant, nous partons seulement pour trois jours.

Nous avons eu Carole au téléphone, Eric devrait rentrer du Brésil, mais il doit repartir aussitôt pour la Roumanie. Sera-t-il rentré pour samedi soir ? Le doute plane. Nous connaissons tous Eric et ses prolongations de dernière minute. Jeudi, nous allons à Vermenton en vélo par le chemin de hallage qui longe le canal du Nivernais puis le canal menant de Bazarnes à Vermenton. A l'office du tourisme, nous achetons des billets pour le concert de musique celtique d'Alan Stivel qui se déroulera demain soir dans le parc des îles de Vermenton, un spectacle à ne pas manquer pour Françoise. En plus, nous y retrouverons Didier et Clémence sa fille. Avec cette promenade, nous avons parcouru trente kilomètres sous un soleil de plomb. Les enfants sont éreintés et apprécient la fraîcheur de la maison. Fraîcheur toute relative, il fait 29 degrés, du jamais vu. Dehors c'est la canicule, la température avoisine les quarante à l'ombre.

Samedi, j'avais prévu une séance d'entraînement pour montrer en toute quiétude les techniques de base du canoë à Didier, Béatrice et leurs enfants Amélie, Clémence et François. Ils n'en ont jamais fait et auront à diriger leurs embarcations quelles que soient les circonstances. De plus Didier et Amélie ne savent pas nager. Un peu de pratique avant l'événement les rassureront. Fort de l'expérience des Landes, il y a quelques années, où les débutants étaient nombreux aussi. Nous nous sommes retrouvés sur une rivière censée être calme. Malheureusement, elle fut en crue, avec des branches et des arbres couchés sur notre passage, le tout sous une pluie battante. La croisière pépère s'était transformée en expédition chaotique. Il n'y a pas eu de blessé bien heureusement. Seule une fille qui avait craqué nerveusement et s'était retrouvée sur un îlot, épuisée, grelottante et en larmes. Malgré le courant fort à cet endroit, je suis allé la secourir, la consoler. De ces moments intenses sont nés une véritable amitié. Depuis que je suis malade, elle me relance souvent pour de nouvelles randonnées : "Régis, quand viens-tu me secourir une nouvelle fois ?" Une chance, tout s 'est bien terminé. Nous en sourions encore aujourd'hui. Mais la randonnée, qui nous attend cette fois-ci, a sept enfants alors, mieux vaut être prévoyant et faire en sorte de ne pas les traumatiser. Dimanche, Eric est finalement arrivé pour le déjeuner avec ses filles Marion et Solène. De la même façon qu'avec Didier et Béatrice, nous ferons un peu de canoë l'après midi.

Lundi 4 août, nous nous retrouvons au barrage de Malassis avec tout le matériel que nous avons pris soin de répartir dans des bidons étanches. Nous voici en route pour l'aventure, mais la Cure manque cruellement d'eau et les rochers sont très saillants. Mon canoë souffre. Une brèche est si vite arrivée. De plus, Amélie qui est avec moi a peur et je dois la rassurer en permanence. Nous sommes obligés de descendre souvent de nos embarcations et de les traîner sur de longues distances. Malgré cela, c'est un plaisir de me retrouver là, sur cette rivière que j'avais déjà descendue plusieurs fois étant enfant. Y aurais-je pensé, il y a quelques mois ? Quel plaisir de pagayer de nouveau sur cette rivière d'une eau limpide, courant sur des cailloux de grès ocre et rouge, lui laissant cette couleur légèrement brunâtre, typique de la région. Difficile de la confondre avec celle de l'Yonne plutôt verte. Le groupe a pris de l'avance sur moi, les autres bateaux, moins fragiles ont besoin de moins de tirant d'eau. Il est déjà midi. Nous déjeunons aux deux arches de Pierre Pertuis.

Au menu rôti de porc, taboulé et pommes. L'après-midi, nous passons à Saint-Père sous Vézelay et nous apercevons de temps à autre la colline éternelle : Vézelay. Goûter à Asquins : barres de céréales bien méritées et baignade en même temps que les chevaux d'un groupe d'ados en colonie de vacances. Fanny y laisse ses lunettes de plongée. Nous repartons puis cherchons un endroit sympa pour bivouaquer. Nous trouvons une peupleraie en friche entre Asquins et Blannay. Le campement s'organise, les enfants cherchent du bois et des pierres pour établir un foyer. Menu : pomme de terre cuite au feu de bois, saucissons d'autruche et de chèvre, une bouteille de Chardonnay, puis bananes au chocolat cuisinées, elles aussi, au feu de bois un régal. Première nuit à la belle étoile. Nous ne dormirons pas beaucoup. Les enfants sont très excités par l'événement, les grands aussi. Soudain dans la nuit noire, un cri nous réveille en sursaut, Béatrice effrayée par François, venu près d'elle en pleine nuit. Deuxième cri, Didier effrayé par le cri de Béatrice. Après quelques battements de coeur, tout le monde se rendort, difficilement cependant : la nuit étoilée est superbe mais très sonore, les grillons chantent très forts, des bruits étranges au bord de l'eau (nos six bateaux intriguent les ragondins, d'aucun disent que ce sont Régis et Françoise fricotent, même pas vrai, Théo dormait entre nous).

Première soirée

 

Mardi, 6 heures du matin, nos regards sont embrumés par cette courte nuit, mais l'expérience les a tout de même séduits. Petit déjeuner et ramassage laborieux du contenu des bidons que nous avons éparpillé un peu partout dans le champ. Dernier remontant avant le départ à 10 heures : Béatrice nous sort son eau de Mélisse, boisson fortifiante composée de 14 plantes et 80 % d'alcool. Les équipages ont changé : Marion-Fanny, Clémence-Solène, Françoise-Amélie, Didier-François, Eric-Théo et Régis-Béatrice. Pause déjeuner au terrain de jeu de Blannay, où nous mangeons une salade de riz au thon et olives, puis une compote. Les boîtes de thon ont été ouverte avec mon couteau suisse, j'ai même bu le jus du thon au naturel, j'adore (d'aucun disent que c'est pour pas gâcher). Théo saute du toboggan en marche, résultats deux bobos réparés par les huiles essentielles de Béatrice. Les autres enfants gonflent le dauphin de François. Petits massages de Béatrice sur les dos endoloris de Marion et de Françoise. La vaisselle est faite au fil du courant cette fois-ci, la précédente a été faite par Didier et Eric (eh oui !), avec des lingettes au combien modernes mais qui laissent un petit goût dans le fond des assiettes. Départ pour Sermizelles où nous ferons le plein d'eau, il fait si chaud que nous avons déjà consommé les 25 litres d'eau.

Les marches forcées nous ont fait prendre du retard. Il y a quelques heures nous parlions du risque de blessure en glissant sur les cailloux. Le risque semble plus important qu'avec le canoë lui-même. En fin d'après midi. je tombe dans les rochers en voulant secourir Didier qui est resté bloqué dans un passage délicat. Le courant est fort et les autres sont sur le point d'arriver derrière. Je me revois descendre de mon canoë et m'élancer dans l'eau trouble que j'avais à mi-cuisse. A la deuxième enjambée, mon pied trébuche sur un gros rocher que je ne soupçonnais même pas. Je mets les mains en avant comme pour amortir la chute. Erreur, la forme invisible du rocher était telle que je m'affale dessus de tout mon poids sans que mes mains puissent m'aider. Le choc est brutal sur la cage thoracique et je termine ma course assis au fond de l'eau, avant que mon gilet de sauvetage ne m'extirpe vers la surface. Je suis sonné avec la respiration coupée, je me retrouve avec mon chapeau dans les mains et une vive douleur sur le côté gauche de la poitrine. J'ai le pied endolori, le tibia droit et le genoux en sang. Il me faut quelques minutes pour reprendre mes esprits. Je remonte avec difficultés dans mon bateau, je peux ramer un peu, mais la douleur persiste. J'ai comme des craquements si douloureux que j'en tourne de l'oeil. Ai-je des côtes cassées ou enfoncées ? De plus avec l'ostéopénie due à mon traitement (j'ai le squelette d'une personnes de 75 ans), ce ne serait pas étonnant. Que faire ? Rien justement si ce sont des côtes. Je ne crache pas de sang, je peux respirer sans douleurs, signe que le poumon n'est pas atteint. Je décide donc de continuer et de souffrir en silence. Ce serait dommage d'abandonner une si belle aventure ! Car pour moi c'est une revanche, même si elle vient de me couper le souffle. Le temps se couvre et tourne à l'orage. Non loin de Voutenay, nous nous arrêtons pour goûter sous une peupleraie aménagée en air de repos. Il pleut de grosses gouttes pendant quelques minutes. Nous ne prenons pas la peine de nous mettre à l'abri, tant la pluie tiède est agréable. Françoise, qui était avec Fanny, arrive bonne dernière épuisée. Fanny s'est endormie laissant Françoise pagayer seule. Des figues, des amandes, de la brioche et du chocolat lui permettront de reprendre des forces avant de repartir pour une heure ou deux.

nous avons trouvé un pré sympa... Les enfants rentre de la douche...

Nous sommes fatigués. Nous avons trouvé un pré sympa pour passer la nuit, non loin d'Arcy. Le propriétaire qui passait avec son tracteur accepte de nous héberger pour la nuit, sous réserve bien entendu de laisser les lieux propres. Nous nous installons. Pendant ce temps Eric et Didier sont allés à Arcy pour chercher le repas de ce soir et celui de demain. Ils sont chez Didier. La rivière passant à proximité, nous devions nous arrêter en passant, mais comme nous avons pris du retard ils sont obligés d'y aller à pieds, en coupant pas la colline escarpée à cette endroit. Cette promenade imprévue de six kilomètres est digne d'un épisode de l'émission Koh-Lanta sur TF1. Prévoyante, Clémence a mis la bouteille de Bordeaux au frais dans la rivière en attendant leur retour. Elle prépare un ponton avec quelques branches. Les abords de la rivière sont glissants et pour faire la vaisselle, ce ne sera pas du luxe. Le champ de maïs qui jouxte le pré, est arrosé par une lance à tourniquet. Les enfants sont allés jouer à se faire arroser. Une douche "aux insecticides" diront-ils à leur retour. Françoise et Béatrice ont monté les tentes au cas où. Je ne suis d'aucune utilité, j'ai beaucoup de peine à me baisser. Eric et Didier sont de retour. Nous savourons le Bordeaux 1995 en guise d'apéritif. Béatrice nous a concocté des pâtes au basilic avec du jambon et une crème dessert vanillée au soja. Nous apprécions le calme de la soirée, loin des routes, du bruit, loin de tout.

Des jeunes sont venus garer leur voiture à quelques mètres de nous. Nous n'en croyons pas nos yeux : ce n'est pas la place qui manque, le pré est immense. Ils déchargent des bouteilles et des provisions et se dirigent vers la rivière, rejoignent une des petites îles à vingt mètres au plus. Quelques heures auparavant les enfants y avait repéré l'emplacement d'un feu. Nous les avions convaincus, à tort, de ne pas l'utiliser. Ces jeunes seraient allés probablement plus loin si nous l'avions utilisé. Ils s'installent donc. La soirée semble prometteuse. La nuit est tombée, nous nous apprêtons à nous endormir lorsqu'une voiture surgit moteur hurlant. Dans le noir, elle fonce droit sur nous pour rejoindre le groupe des autres jeunes. Sans l'intervention d'Eric bondissant de son sac de couchage et stoppant la voiture, elle nous serait passée dessus. C'est vrai qu'il en impose du haut de ses deux mètres (ou presque). Je n'entends pas ce qu'il leur dit mais les personnes s'excusent platement, n'ayant pas mesuré le danger. Ils promettent de ne pas trop faire de bruit et partiront vers minuit ou une heure au plus tard.

2ème nuit, réveil difficile...

Petit déjeuner, puis vaisselle faite par Eric sur le ponton confectionné par Clémence.

Une heure, après encore quelques bruits de bouteilles, ils sont enfin partis. Nous pouvons enfin dormir. Le sol est sec et dur. Il rayonne encore la chaleur de la journée, difficile de trouver sa place. Mes côtes me fond mal, seule solution dormir sur le dos. Nous nous sommes réveillés plus tard ce matin. Après thé ou chocolat au lait et tartines de confiture, nous repartons vers 10h30 pour rejoindre Arcy. Nous passons devant la beuverie des jeunes d'hier soir. Quantité d'emballages de merguez et bouteilles gisent dans la rivière. Nous sommes consternés. Nous n'avons même pas la place d'emporter leurs détritus. Dire que nous nous sommes engagés à laisser les lieux propres... La fatigue des jours précédents se fait sentir. De ce fait, l'oeil se fait plus attentif à repérer les meilleurs passages dans les gravières, évitant de descendre du bateau : ici c'est un remous à éviter indiquant un rocher à quelques centimètres sous la surface et là le courant est plus rapide, signe qu'il y a plus de fond pour passer. Entre deux gravières, de vastes étendues d'eau plus profondes nous attendent. Nous ne pouvons guère relâcher notre vigilance car il faut composer avec le faible courant, la chaleur écrasante et le vent contraire. Trouver le délicieux compromis entre la trajectoire du courant de meilleure vitesse, celle plus favorable à l'abri du vent et celle sous les branches, bien au frais. A Arcy nous rachetons de l'eau puis repartons. La chaleur est écrasante. Avec Solène, je privilégie le passage sous les branches. Elles sont basses parfois, il faut se baisser, ouille mes côtes ! Une fois, alors que nous étions occupés à franchir une section délicate, notre passage sous une branche a libéré une nuée de petits insectes. Je n'ai pas eu le temps de les identifier. Plus tard ils se sont révélés être des poux. Avec mes cheveux courts et mon chapeau, j'ai été épargné mais Solène qui était aux premières loges et malgré son chapeau, a dû subir un traitement intensif. Mieux profilé pour les eaux calmes, le canoë de bois file. Nous arrivons les premiers à la baignade de Bessy sur Cure pour déjeuner. C'est une baignade aménagée autour d'un déversoir qui servait à un moulin dans son prolongement. La baignade est composée d'un espace pour plonger. François et Théo s'y jettent déjà à coeur joie. Il y a aussi un jacuzzi naturel dans la paroi du déversoir. Au menu, sandwiches au jambon-fromage, suivis d'un potage très "bio" à l'ortie ou au panais (une racine de la famille des ombellinacées) fort appréciés malgré la chaleur. Tout le monde est très fatigué et en plus il faut porter les bateaux sur une cinquantaine de mètres car le déversoir ne permet pas un franchissement facile. Je ne suis pas en état, Béatrice, Françoise, Didier et Eric les portent laborieusement un par un avec tout leurs chargements. Les enfants et plus particulièrement les filles, sensibles à la fatigue générale, sont d'un grand secours. Elle sortent les bateaux de l'eau et les rapprochent en les faisant glisser dans l'herbe.

Ouf ! On arrête, on trinque, on se renifle nos odeurs de trois jours...

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Prochaine étape, la baignade de Vermenton pour le goûter. Nous commençons à douter d'arriver à Vincelles le soir même. Vermenton tarde à montrer le bout de son nez. Tout en ramant, les filles se prenent à rêver à une boisson bien fraîche, un Coca, un Ice Tea ou à une glace. Plusieurs fois Théo a perdu sa rame. A la dernière, il ne s'en ai pas rendu compte, s'étant endormi. Eric, qui était alors du même équipage, l'a ramassée discrètement. Arrivé à la baignade, nous poussons au Parc des Iles, à un kilomètre car la plage n'a pas d'ombre et est noire de monde. Encore un petit effort ! Le parc nous semble un havre de fraîcheur d'autant qu'Eric nous offre une boisson fraîche à la buvette. Nous décidons d'arrêter là notre épopée au grand soulagement des enfants qui trinquent joyeusement à la fin de l'aventure. Séquence reniflage des odeurs résultantes de trois jours d'expédition qui se termine en fou rire général. Nous appelons le loueur afin qu'il nous récupère à Vermenton. Il sera là dans deux heures, juste le temps à Eric et Béatrice de faire quelques courses pour le soir : nouvelle promenade imprévue de quelques kilomètres. Retour chez le loueur, vidange des bidons étanches, douche, puis retour à Vincelles où nous terminons ce périple autour d'un bon repas. Nous trinquons au Champagne à notre super aventure.

Jeudi, Eric me conduit à l'hôpital d'Auxerre. Au service de radiologie, j'ai passé six radiographies sur une machine General Electric Prestige II. Je reste soucieux des rayons X car ils sont probablement à l'origine de ma leucémie. J'ai demandé à connaître la dose reçue, comme il est déjà possible de le faire aux Etats-Unis ou dans certains pays d'Europe, mais la personne ne dispose pas du matériel pour l'évaluer. De plus, la législation n'impose pas de relevé, et encore moins de suivi, alors pensez donc... Je retourne voir le médecin. Son assistante me fait entrer dans son bureau. Il n'est pas là mais va arriver. Pendant son absence, je consulte les radiographies, j'ai repéré un éclat sur une côte. Mais ce n'était qu'un artefact (un défaut dans l'image) pile à l'endroit où j'avais mal. Le médecin me convainc par le prolongement de cet éclat légèrement au-delà de la côte en question. Finalement, il conclut à un traumatisme pariétal. Les muscles de la cage thoracique chargés notamment de la respiration ont été comprimés violemment et endommagés. Il faut leur laisser le temps de se reconstituer. Pour cela, je dois me reposer. On ne peut rien faire sinon attendre avec des anti-inflammatoires. Oui mais voila, sans mon historique médical, le médecin ne peut pas savoir que les anti-inflammatoires sont contre indiqués avec la chimiothérapie au Méthotréxate que je prends en intercures une fois par semaine. Encore un exemple où le patient doit se prendre en charge : il doit maîtriser son dossier médical et veiller inlassablement à tout. Quant aux craquements des côtes, ce doit être une flottante qui tente de reprendre sa place. Mais elles ne sont pas visibles sur les radiographies. De retour à Vincelles, Eric nous quitte, nous laissant ses filles. Il reviendra en soirée avec Carole la grande absente de cette aventure pour la fin de la semaine. Eric n'a pas voulu la laisser venir par le train avec son bras en atèle et ses bagages. Il préfère aller la chercher lui-même à Bonnelles.

Vendredi nous partons visiter la construction du château fort de Guédelon. En chemin, nous recevons sur notre portable le message de Béatrice et de Didier nous indiquant qu'ils ont différé leur départ alors qu'ils devaient rentrer à Troyes la veille. Nous nous retrouvons donc tous à Guédelon avec joie, nous avons passé de si bons moments ensemble au canoë que la séparation est difficile. Nous terminons la soirée au lac du Bourdon, les enfants se baigneront jusqu'à la nuit. Cette fois, nous devons nous séparer. Au revoir et à bientôt pour une nouvelle aventure.

Samedi, nous déjeunons dans un restaurant chinois (j'en avais envie) à Auxerre. L'après midi, visite de la ville. Le soir restaurant à l'Auberge de la Marine à Vincelles, puis feu d'artifice sur les bords de l'Yonne. C'est la fête du 15 août. Dimanche, nous visitons les caves de Saint-Bris le Vineux avec Carole, Eric et les filles. Leurs vacances se terminent, il doivent repartir.

Le canoë en bois a souffert de l'aventure. Je l'ai réparé pour la prochaine fois. Encore quelques visites culturelles, le site gallo romain d'Escolives, la visite de la fausse Dionne et l'hôtel Dieu de Tonnerre, les joutes de Coulanges sur Yonne, la Poterie de la Bâtisse à proximité de Saint Sauveur en Puisaye, le spectacle sons et lumières au château de Saint-Fargeau... Des vacances bien remplies où je n'ai peint qu'une seule aquarelle faute de temps. En somme une belle revanche sur la vie même si j'ai encore mal aujourd'hui.

Dans quelques jours, nous reviendrons à Bullion. Puis, jeudi 28 août, je rejoindrai l'hôpital Saint-Louis pour la dernière séance de chimiothérapie. Je profite des derniers instants de vacances ensoleillées. Je vous souhaite une bonne rentrée.

A bientôt,

Régis

Bullion, le mercredi 27 août 2003.